Echanges inspirants lors de séminaires.

Participant 1 : J’ai suivi beaucoup de thérapies pour me libérer de ma souffrance psychique et émotionnelle.

J’ai cherché pendant des années les causes de mon mal-être, mais je reste sans réponse. Si je savais quand elle a commencé, je pourrais…
Nassrine : Elle commence maintenant.
P1 : Pardon ?
N : Votre souffrance commence maintenant.
P1 : Mais hier, je me sentais déjà mal.
N : C’est ce que vous imaginez maintenant.
P1 : Je ne comprends pas.
N : Il n’existe que le moment présent. C’est uniquement maintenant que naît votre souffrance. C’est aussi maintenant qu’elle peut mourir à elle-même, si vous le lui permettez.
P1 : Je souhaite vraiment sa disparition !
N : Soyez libre de tout souhait. N’ayez aucun désir et la souffrance s’évanouira instantanément. Vous n’êtes pas cet être souffrant. Vous ne pouvez pas souffrir. Pour pouvoir dire « je suis souffrant », il faut au préalable quelqu’un qui soit capable de percevoir la souffrance. Vous en êtes uniquement le témoin. Tel un reflet dans le miroir, elle vous apparaît. Mais vous n’êtes ni le miroir, ni son reflet.
P1 : Cela me paraît trop simple ! Les thérapeutes m’ont dit qu’il était important de faire un travail sur soi pour…
N : Pourquoi tant de labeur ? Aucun travail ne peut vous libérer de l’illusion. Réalisez que la souffrance, qui est uniquement issue de mémoires mortes, meurt à l’instant où vous la voyez comme étant fausse.
P1 : La souffrance n’existe donc pas ?
N : Si vous regardez la vie à travers des yeux souillés par la mémoire, vous verrez la souffrance. Si vous la regardez à travers les yeux de « je suis », vous verrez le monde pour ce qu’il est réellement.
P1 : Quel est ce monde dont vous me parlez ?
N : Il est le reflet de votre perfection.

Participant 2 : N’ai-je ni passé, ni avenir ?
Nassrine : L’illusion peut naître ou disparaître maintenant.
P2 : Mais mon existence a commencé à un moment précis !
N : Oui, précisément maintenant.
P1 : Je suis confus.
N : Observez la confusion et vous découvrirez votre vérité.
P1 : Et après avoir découvert ma vérité, que se passera-t-il ?
N : Justement, il n’y aura plus d’après. Il restera uniquement ce que vous êtes véritablement maintenant.

Participant 3 : Vos réponses ne me satisfont pas !
Nassrine : Reconnaissez que le mental n’est jamais rassasié. Ne venez pas me voir dans le but de l’alimenter davantage. Il souffre déjà suffisamment, car sa coupe est pleine de pensées et de concepts contradictoires. Le mental cherche désespérément le bonheur et lorsqu’il y goûte pendant un bref instant, il croit ne pas le mériter. Observez ses paradoxes et vous cesserez de le gaver avec de nouvelles théories. Que cherchez-vous réellement ? La satisfaction ou la vérité ? Comprenez que ce sont deux directions totalement opposées ! L’unique nourriture dont vous avez besoin se trouve dans l’ici et le maintenant. Tout le reste est indigeste. C’est de la nourriture morte ou imaginaire. Quand je vous parle de l’ici et le maintenant, je ne le réfère ni à l’espace, ni au temps, mais à cette conscience « je suis », votre état de présence. Faites de « je suis » votre repas principal et toutes les images que vous avez de vous-même disparaîtront. Ainsi, vous vous établirez au sein de votre Être. Réalisez que tout ce qui est transitoire ne peut pas être vous. Le corps, les croyances, les émotions changent inlassablement. Ce que vous êtes est immuable et permanent. Et ce que vous êtes n’a pas besoin d’être satisfait, puisqu’il n’aspire à aucun but.
P 3 : Il m’est inconcevable de vivre sans but.
N : On ne peut pas améliorer ce qui est déjà parfait. Et ce qui est parfait n’a soif de rien.
P3 : J’entends ce que vous dites et cela résonne en moi, mais je ne parviens pas à cette réalisation !
N : Pourtant, elle vous est offerte maintenant. Saisissez-la.
P3 : Je m’y efforce, mais je n’arrive pas à y accéder !
N : Faites-vous un quelconque effort pour respirer ? Pourquoi tant de complications ? L’obstacle réside dans l’idée qu’il y ait un accès. Vous cherchez une porte d’entrée, alors que vous êtes déjà à l’intérieur. Vous êtes déjà ce que vous êtes. Vous parvenez à cette réalisation quand vous cessez de faire des efforts. Comprenez, il n’y a ni porte, ni entrée, ni chemin, ni accès. Vous êtes déjà ce que vous cherchez.
P3 : Que puis-je faire concrètement ?
N : Détournez-vous de toute sensation, de toute pensée. Votre vérité est plus « proche » de vous que votre corps ! C’est parce que votre attention n’arrive pas encore à s’établir dans le « je suis », que vous cherchez beaucoup trop loin. Tenez-vous tranquille. Ce faisant, l’illusion d’être séparé de ce que vous êtes se consumera d’elle-même.
P3 : Je ne sais plus quoi penser.
N : C’est très bon signe. Il n’est pas nécessaire de penser parce que dans ce qui est évoqué ici, le mental devient inutile. Or, vous avez pour habitude d’utiliser votre mental face à toute situation, et ce, jusqu’à son propre épuisement. Offrez-lui du répit et si vous l’utilisez, alors faites-le en respectant ses limites. Si vous souhaitez réellement découvrir votre vérité, vous devez être détaché de l’entité corps-mental-émotion. En adoptant cette attitude, votre attention restera calme et fixée sur « je suis ». Ainsi, vous réalisez que tout ce qui est observable ne peut pas être ce « je suis ».

P4 : Pourquoi est-ce que je n’ai pas conscience de cette perfection qui m’habite déjà ?
N : Pour avoir conscience d’une chose, il faut que votre attention soit portée sur elle. Votre attention est fixée sur le monde extérieur. Ramenez-la « à la maison » et vous percevrez votre perfection et celle du monde.
P4 : Le monde dans lequel je vis, n’est pas parfait du tout ! Il y règne la misère !
N : Vous ne vivez pas dans le monde. Le monde vit en vous. Vous l’avez oublié à l’instant où vous vous identifié à cette forme humaine et cela a généré tant de séparations illusoires.
P4 : Je ne peux rien faire pour aider le monde ?
N : Faites ce qu’il vous plaît, mais tant que vous le considérez comme une partie extérieure à vous, vous efforts seront vains. C’est comme si vous labouriez le champ de votre voisin en vous plaignant qu’aucun légume ne pousse dans le vôtre. Pourquoi ne pas commencer par vous ? Le monde est parce que vous êtes. Sans vous, il ne pourrait exister.

Art. Sandrine Campese